L’analyse des relations de genre en Afrique rend généralement compte d’une infériorité de la femme vis-à-vis de l’homme. Ce rapport asymétrique se traduit principalement par un accès différentiel et inégal aux ressources d’autorité comme des positions de pouvoir et des biens économiques rares.
Au Congo Brazzaville, lorsqu’une femme est mariée, elle est perçue comme étant la possession de la famille de son époux. En tant qu’épouse, elle perd toute autonomie et cesse par conséquent d’avoir tout droit sur sa propre personne. Ni le fruit de son travail ni celui de la production à laquelle elle a contribué aux côtés de son époux n’est sa propriété.
Ces coutumes congolaises continuent de s’appliquer en dépit d’un système juridique moderne et de l’abrogation de certaines d’entre elles.
La sphère publique regorge également d’éléments qui attestent que la femme occupe une place résiduelle dans la société congolaise; et ce en dépit des efforts cumulés du Gouvernement et de la société civile.
Au parlement par exemple, on observe que le pourcentage le plus élevé de femmes aux fonctions est de 14,3%, soit 19 femmes sur 133 députés de l’Assemblée nationale en 1989. Quant au Sénat, on y a observé le pourcentage le plus élevé en 2008. Il était de 16,7%, soit 10 femmes sur 60.
Cette asymétrie a lieu dans un pays où la question du développement est centrale. Le développement d’un pays ne peut être pensé sans tenir compte des femmes. Et au Congo Brazzaville, les femmes constituent plus de la moitié de la population, soit 52%.
L’Organisation des Nations Unies (ONU) a reconnu la place marginale occupée par les femmes dans les politiques publiques. Ce constat a conduit à la signature de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (1979).
On peut également mentionner, dans le sillage de ce corpus législatif, la déclaration et le programme d’action de Beijing de 1995 et la résolution 1325 du Conseil de sécurité de l’ONU sur les femmes, la paix et la sécurité (2000), qui ont pour but de donner aux femmes une place de choix dans la formation du capital humain des nations du monde.
Partant de ce constat, ma préoccupation en tant que femme et congolaise, est de faire la lumière sur la place des femmes dans notre pays en donnant la parole à celles qui se battent pour leur épanouissement et pour accéder à l’autonomie. Mais aussi à celles qui ont réussi à dépasser ces entraves et qui contribuent au développement du pays par leurs efforts.
Ces femmes doivent devenir des modèles pour toutes les jeunes filles africaines afin que les mentalités changent et que l’on s’engage sur la voie de l’émancipation de la femme en Afrique.
Danièle Sassou Nguesso
Présidente et Fondatrice de la Fondation Sounga